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Dans un pays où la terre semble vouloir rejoindre le ciel, une femme avance sur le chemin de la Vie.

Cela fait déjà bien des jours qu’elle a quitté la vallée. Les arbres se sont faits plus rares puis, ils n’ont plus été. Les animaux, les oiseaux, les fleurs, les brins d’herbe, ont à leur tour, disparu. Elle s’est retrouvée seule à se dresser sur le versant de la montagne. Petit à petit, son dos s’est courbé. Ses pas se sont faits moins grands, plus hésitants.

Il fait si froid. Mais elle sait qu’il lui faut avancer, sur ce chemin qui s’offre à elle et que ses pas effacent aussitôt.

Elle se sent si seule. Il n’y a que le vent et cette montagne qui parfois roule sous ses pieds et l'a fait trébucher. Mais à chaque fois, elle se relève car elle sait que le courage et la persévérance sont nécessaires dans ce voyage qu’elle a entrepris. La joie aussi devrait être là, mais elle l’a perdue dans la vallée.

Plus elle monte, plus elle sent ses désirs, ses attentes s’envoler.

Le sentier brusquement disparaît. Un inconnu, noir et effrayant s’offre à elle. Plus rien n’éclaire ce qui vient.

Le vent aurait-il aussi emporté son espoir ?

Elle regarde le néant qui s’ouvre devant elle.

Il suffirait de se laisser tomber,
de tout abandonner,
et

peut-être

s’envoler.


Le doute l’envahit. Se serait-elle égarée ?

Elle tend la main,
pour essayer de saisir demain.
Mais ne rencontre que le vide.

Doucement,
elle glisse son pied en avant
sur un sol qui se dérobe.


La quête qu’elle a entrepris, il y a bien longtemps, s’arrête peut-être là. Elle est si épuisée.

Elle tombe à genoux et ferme les yeux, souhaitant s’endormir et peut-être, réussir à oublier.

Elle a si mal.
Mais la Vie se met à souffler et l’a fait vaciller.
Elle se retrouve seule sur une pierre, flottant dans le noir.
Le temps a lui aussi disparu.
Elle lève les yeux, implorant le ciel qu’Il l’oublie, elle aussi.

Elle n’est qu’un grain de poussière
dans l’immensité.


Soudain, des flocons de neige tombent autour d’elle. Elle n’en a jamais vu d’aussi gros, d’aussi beaux. Elle caresse ces flocons qui, en poursuivant leur route, lui laissent une partie d’eux-mêmes, habillant son corps nu, d’un voile de lumière.

Ses pieds s’enfoncent dans la pierre,
s’enfoncent dans la neige,
dans un énorme flocon
qui semble si léger.
Va-t-il lui aussi tomber ?


[...] elle est seule dans le noir sur un flocon qui reflète une lumière, … la lumière qu’elle porte en elle.
Elle comprend soudain que ce dernier flocon, elle doit le laisser tomber.

A ce moment là, une porte s’ouvre devant elle. Un être immaculé aux ailes diaphanes apparaît dans la lumière et s’avance vers elle.

Il lui tend la main,
l’invitant dans demain.


« N’aie pas peur ! »
Que ce qui doit Être, Soit ! »










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